Antoine Bonifay (1874-1947)
Antoine-Victor-Joseph Bonifay était né à Saint-Zacharie le 6 mars 1874, fils de Jules, charretier et de Rose Légier. Il tira de son origine un attachement indéfectible aux traditions provençales dont il se fit l’apôtre. Félibre maniant parfaitement la langue de ses pères, il se fera aussi écrivain et littérateur moraliste à ses heures : on devra ainsi à l’ « abat Antoni Bonifay » une prose provençale intitulée Rapugado (« grapillée »), que Mgr Guillibert ne craindra pas d’honorer d’une lettre en guise de préface. Il s’était formé d’abord aux lettres classiques au Bon-Pasteur de Marseille sous la férule du chanoine de la Paquerie et, encore étudiant s’était essayé à l’art oratoire et à l’écriture en publiant des articles en langue provençale et en créant un journal. L’homme était par ailleurs de solide constitution et d’un caractère énergique, il fallait dépasser la première impression pour découvrir au-delà d'un extérieur qu'il négligeait et d'un verbe pas toujours châtié une personnalité à la bonté captivante et à la grande charité, qui lui assurera une véritable popularité. Ordonné prêtre, on lui confia la paroisse de Tanneron où il défriche et plante une vigne pour ses successeurs… On le voit ensuite vicaire à Vidauban en 1902, à Carcès en 1903, à Lorgues en 1904, à Solliès-Pont en 1906, puis à La Seyne en 1907. L’abbé Bonifay est ensuite curé de Nans en 1910, de Vidauban en 1925 et enfin de Brignoles en 1933, année où il reçoit le camail de chanoine honoraire de la cathédrale. Dans toutes ces paroisses il fera naître à son égard un profond attachement, après le premier sentiment de surprise devant ce prêtre un peu original à la rondeur et à l’allure gauloises. L’archiprêtre de Brignoles s’éteint dans sa ville le 11 mai 1947.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.

