Odon Fornari
Odon (ou Othon) Fornari appartenait à une importante famille génoise du parti guelfe qui donnera de nombreux prélats à l’Eglise, et il bénéficia de l’ascension de l’un de ses cousins, Sinibaldo Fieschi, génois lui aussi, devenu évêque d’Albenga vers 1225, vice-chancelier de la Sainte Eglise Romaine puis cardinal en 1227. Faut-il voir déjà sa main dans la nomination d’Odon Fornari à la prévôté de Fréjus au départ de Fouques de Cailles en 1240, ou imaginer un prévôt intermédiaire avant l’accession de Sinibaldo Fieschi au siège de Pierre en 1243 sous le nom d’Innocent IV ? S’il est vrai qu’à partir de 1246 l’autorité pontificale s’impose systématiquement dans la collation des bénéfices majeurs en Provence, déjà le 11 mai 1244 Odon Fornari, quoique sous-diacre, est détenteur de la prévôté de Fréjus, quand Innocent IV commande à Henri de Suse de lui conférer d’autres bénéfices, c'est ainsi qu'il acquiert encore la prévôté de Grasse et un canonicat à Gap en 1245. Le 13 décembre 1246, Odon Fornari avertissait le pape que l’évêque de Fréjus ne pouvait plus suffire à sa charge : il s’agissait du vieil évêque Raymond Bérenger (1235-1248). Si d’aventure le prévôt avait nourri quelque ambition à cette occasion, sa disparition à peu près contemporaine de celle de l’évêque la rendit vaine. En effet, c’est la dernière trace que nous avons de lui : une nouvelle intervention d’Innocent IV placera pour lui succéder un chapelain pontifical, Guillaume Bardin, attesté à partir du 17 juin 1253.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.
