Logo2 v5

Joseph Escudier (1874-1947)

Joseph-Michel-Hubert Escudier naquit le 20 mai 1874 à Tavernes dans une vieille famille du terroir, fils du maréchal-ferrant Alexandre-Roi Escudier et d’Adèle Molin. La première partie de sa vie fut lumineuse, avant de connaître des heures douloureuses. Le jeune homme fit de brillantes études au petit séminaire de Brignoles, se passionna pour sa terre provençale au point d’épouser les revendications de son évangélisation par la première génération chrétienne. Après l’ordination sacerdotale, il fut nommé professeur de philosophie au grand séminaire de Fréjus où il avait achevé ses études cléricales. Ce fervent de Newman, à la bibliothèque extrêmement riche, n’oubliait pas en bon félibre le combat de sa vie pour la Provence et ses origines chrétiennes : il publia un ouvrage intitulé L'évangélisation primitive de la Provence ainsi qu'une étiude sur l'Irlande. Il fut élu le 25 octobre 1922 à l’Académie du Var et, comme bibliothécaire, en fut par la suite membre du bureau et du conseil d'administration (au moins dans les années 1930). Il s’égara un temps à la tête de La Croix du Littoral où il était trop distrait et déjà affecté par une surdité précoce pour être apte à la vie journalistique. On le nomma à la paroisse Saint-Louis de Toulon mais son handicap encore accru par son passage à l’aumônerie de marine en 1916 l’obligea bientôt à renoncer à tout ministère paroissial. Mgr Guillibert crut lui offrir une possibilité de se rendre utile en le nommant chanoine titulaire en 1922. Mais bientôt même la prédication lui fut impossible : sa surdité avait brisé ses forces et assombrit définitivement le deuxième versant de son existence. On vit désormais l’euphorie de ses enthousiasmes faire place à un inexorable ennui, lui qui était si ouvert et charmeur devint un incessant plaintif promenant sans cesse sa rancœur des choses et des hommes. Un stage à l’évêché de Monaco n’apaisa pas l’angoisse de cette nuit qui l’avait envahi. Malade, il gagna la Maison Saint-Jean-de-Dieu à Marseille ou après deux ans d’un long calvaire et une pénible agonie, il mourut enfin le 11 novembre 1947, retranché une deuxième fois du monde des vivants qu’il avait pour ainsi dire quitté depuis bien des années. Il fut inhumé dans son village natal de Tavernes.