Gaucher de Forcalquier (ca 1410-1484)
Né à Forcalquier vers 1410 Gaucher est issu en ligne directe des anciens comtes de Forcalquier et de la branche de Céreste ; il est le deuxième fils de Raimond, baron de Céreste, et d'Angélique de Brancas. Gaucher posséda successivement, et même simultanément, un grand nombre de titres et de bénéfices. Il eut d’abord un canonicat à Aix, que lui céda son oncle maternel Pierre-Nicolas de Brancas. Il eut la prévôté de la cathédrale de Marseille le 21 septembre 1436, par l’élection du chapitre et la confirmation du Pape. Il fut archidiacre de Fréjus (la Gallia christiana lui attribue aussi la stalle de sacriste...), sans jamais y résider, chanoine et précenteur de la cathédrale de Riez. Le 8 novembre 1433, alors qu’il étudie le droit à Chieri (au diocèse de Turin), il est revêtu de la dignité de protonotaire apostolique. Il entre ensuite au service de la cour pontificale : on le voit à plusieurs reprises à Florence où séjournait le pape Eugène IV. Les bénéfices continueront alors à pleuvoir : parmi eux, on notera en commende l’abbaye de Saint-Eusèbe en 1438 et, en 1467, celle du Thoronet. Le 4 décembre 1440, le pape Eugène IV le nomme administrateur de l'évêché de Sisteron et il est transféré à Gap le 17 décembre 1442 : il était alors sous-diacre et licencié en droit canon ! Il y restera plus de quarante ans, dans une situation extrêmement difficile, tiraillé entre les prétentions opposées du comte de Provence et du Dauphin (le futur roi Louis XI), du parlement de Grenoble et de celui d’Aix, accusé par les habitants d’être « le plus cruel tyran » et « le plus hautain », «le plus cruel des seigneurs temporels ». Le Dauphin fait saisir son temporel et met garnison dans ses châteaux et dans ses terres. Gaucher est alors obligé de sortir du diocèse et ne se réconcilie avec le prince que par la médiation du pape Nicolas V en 1447. Gaucher assiste au concile qui est célébré à deux reprises à Avignon en 1457 et 1458. En 1459 commencent à Gap des troubles suscités par les prétentions exorbitantes de Gaucher, et qui ne finissent qu'à la mort du prélat. Vainement le pape Pie II confirme, par bulle de 1461 les privilèges, libertés et franchises de la ville. Gaucher n'en continue pas moins d'attenter aux franchises et aux libertés de la ville épiscopale, devenue presque déserte. Devant le parlement de Grenoble Gaucher déclare fièrement qu'il ne reconnait d'autre suzerain que le roi René, comte de Provence. Le Dauphin fait saisir alors le temporel du prélat, qui est assigné à comparaître devant la cour, et les habitants de Gap recouvrent leur liberté. En 1464, on voit encore le prélat et la ville s'adresser cependant de mutuels reproches au sujet des troubles qui continuent, bien que les uns et les autres aient consenti à prendre le pape pour arbitre de leurs différends. René d'Anjou, comte de Provence, étant mort en 1480, Gaucher, fait hommage à Charles V d’Anjou, comte du Maine et successeur de René, pour toutes les terres possédées par l'Église de Gap dans l'étendue de l'ancien comté de Forcalquier. Heureusement pour lui, Louis XI hérite en 1481, de Charles d'Anjou, et prend possession du comté de Provence. Il mourut au soir du 6 octobre 1484 et fut inhumé à la cathédrale de Gap, dans la chapelle de Sainte-Madeleine. Il avait désigné pour héritier Georges de Castellane, fils de sa sœur, Alise de Forcalquier.