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Gérard Bellanger (2 décembre 1592 - mort le 12 janvier 1596)


bellangerBlason : de gueules à cinq coquilles d'or posées en sautoir

Gérard Bellanger (ou Bellenger), originaire de Castellane, était docteur ès droits ; depuis longtemps chanoine d’Aix et conseiller-clerc au Parlement, il avait administré ce diocèse comme vicaire capitulaire pendant la longue vacance de plus de deux ans qui suivit la mort du cardinal Strozzi et précéda l’arrivée de Julien de Médicis entre 1571 et 1574. Avec d’autres bénéfices mineurs du diocèse de Fréjus, Gérard Bellanger était titulaire du prieuré de Notre-Dame de Beauvoir et Saint-Pierre, aux Arcs, dont il avait fait prendre possession le 21 janvier 1573 par Donat Gilly.
Personnage éminent, il est élu député à l’une des toutes premières assemblées du clergé de France, celle de Melun (1579-1580) : la province d’Aix y envoie quatre représentants : l’archevêque Alexandre Canigiani, François de Bouliers, abbé de Lérins tout juste nommé évêque de Fréjus, et « vénérables personnes Maîtres Gérard Ballangier, docteur ès droits, chanoine de l’Eglise Saint-Sauveur d’Aix et Jean Aynimy, vicaire général de Sisteron ». De nouveau, il est distingué, le 2 mars 1585, pour représenter la province à l’assemblée du clergé de France qui se tint à Paris de septembre 1585 à juin 1586.
L’assemblée de 1579-80 avait créé la fonction d’agent général du clergé ; elle devait être assumée par deux délégués qui auraient pour mission de gérer auprès de la Cour les affaires temporelles du clergé durant deux ans au terme desquels ils auraient à en rendre compte lors de l’assemblée suivante. En 1587, il revenait aux provinces d’Aix et de Tours de les désigner : le 4 décembre de cette même année Gérard Bellanger fut choisi pour cette charge prestigieuse qui lui échut à partir du 1er mai 1588.
Il participa une troisième fois à l’assemblée générale du clergé de France, réunie au début de l’année 1588, où fut validé, le 4 février, son mandat d’agent du clergé.
image008C’est donc ès qualité qu’il siégera aux Etats généraux de Blois à l’automne de la même année où, toujours avec son archevêque, il sera accompagné de l’archidiacre de Fréjus Hélion Mosson, docteur en droits et en théologie. On sait comment, avant la clôture des Etats, les prétentions du duc de Guise qui s’y exprimèrent amenèrent son assassinat le 23 décembre 1588, entraînant la France dans un tourbillon de violence. « Le 17 Janvier, tous les Députés prirent congé les uns des autres (...), tous marquèrent beaucoup de regret des choses passées, & grande appréhension des périls et troubles prochains ».
Au mois d’août suivant, Henri III était assassiné.

Rome, qui avait refusé dès le meurtre des Guises les nominations épiscopales faites par Henri III, ne voulut pas davantage entendre parler de celles d’un roi huguenot. De plus, en novembre 1590 le Parlement de Paris défendit à quiconque de demander ses provisions aux bénéfices ecclésiastiques en cour de Rome (interdiction qui ne fut levée qu’en 1596). Le pape ne put donc nommer alors qu’un nombre très limité d’évêques en France, tel l'écossais John Lesley à Coutances, le savant bénédictin Gilbert Génébrard à Aix (qui fut le seul à pouvoir prendre possession) et Gérard Bellanger pour le siège vacant de Fréjus. En effet, la Provence avait été gagnée au parti des ligueurs alors sous l’autorité du duc de Mayenne qui proposa ces deux derniers noms. C’est ainsi que Clément VIII préconisa par bulles signées du 2 décembre 1592 notre nouvel évêque. Habitué des assemblées nationales, il siégea avec son métropolitain aux Etats de la Ligue tenus à Paris en 1593 et partagea ensuite sa disgrâce après l’avènement d’Henri IV : « le Roi fit saisir son temporel, et comme il persistait dans sa rébellion, on pensa à le chasser de son évêché ; le Parlement le condamna à un bannissement perpétuel. » L’affirmation de Girardin à ce propos est excessive à moins que la mesure ait été très vite rapportée comme le prouve la suite. Toujours est-il qu’Henri IV crut pouvoir disposer du siège dont Gérard Bellanger ne prit jamais possession.

Aussi ce n’est pas au titre d’évêque de Fréjus pour lequel il ne semble pas qu’il reçût même la consécration (l’Assemblée lui aurait alors donné un autre titre que « Sieur »), ni même comme délégué de la province, qui n’y fut représentée que par l’archidiacre d’Arles auquel on ne concéda qu’une voix consultative, que Gérard Bellanger participa à la première assemblée du royaume consécutive aux troubles, celle qui se tint à Paris en 1595-1596. Mais c’est comme agent général du clergé qu’on l’y retrouve ; en effet, son mandat qui  aurait dû s’achever le 1er mai 1590 avait continué à courir dans la mesure où, les provinces n’ayant pas été en état de se réunir, aucune élection n’était intervenue depuis celle de 1587.

Déjà malade et politiquement en situation délicate il n’intervient pas directement dans les débats. Arrivé « en grande extrémité de maladie », il fait demander à l’assemblée, le 9 janvier 1596, une avance sur ce qu’il lui est dû. Il n’apparaît toujours pas aux côtés de son collègue de Tours, François Prévost, trésorier et chanoine de Rennes, quand, le 11 janvier 1596, celui-ci rendit compte en détail, tant pour lui que pour son collègue Bellanger, du travail accompli depuis 1588. L’archevêque de Bourges qui les avaient alors invités à poursuivre jusqu’à ce que leurs successeurs soient élus et opérationnels fut prié à son tour par Prévost de presser les choses afin qu’ils puissent se défaire au plus tôt des clefs, archives et autres dossiers.
Mais dès le lendemain, Gérard Bellanger était quitte de toute mission puisque « le 12 Janvier, le Sieur Prévost, Agent, donna avis à l’Assemblée que le Sieur Bellanger, son Confrère, étoit mort le matin ». L’assemblée avisa alors « que l’un des messieurs de chacune province assistera à son convoi », sans pour autant ordonner d’autres prières qu'on avait coutume d'ordonner en pareil cas, signe de l’embarras qu’avaient suscité sa compromission avec la Ligue et sa nomination dissidente sur le siège de Fréjus. On statua que les cent écus promis le 9 janvier couvriraient en priorité les frais des funérailles, le paiement de son apothicaire et celui de son hôte. Il fut donc inhumé à Paris où il avait rendu son dernier soupir.
Ses meubles furent immédiatement mis sous séquestre par ses créanciers au dire de son neveu qui l’avait rejoint pour l’assister dans sa maladie et qui espérait ainsi un subside de l’assemblée pour lui remettre les derniers papiers relatifs à son administration.