Laurent Chabaud (1789-1835)
Laurent naquit à Ollioules le 13 avril 1789, fils de Vincent Chabaud, cordonnier, et de Rose Regimbaud. Entré sous la Restauration dans le clergé d’Aix (le diocèse de Fréjus ne renaîtra qu’en 1823), l’abbé Chabaud est fait chanoine honoraire de Fréjus en 1827. Mgr Michel qui avait eu le loisir de l’apprécier quand il était curé de la cathédrale de Toulon le nomma curé de la paroisse Saint-Louis de Toulon en 1831. Après la mort, le 4 avril 1834 de son successeur l’archiprêtre François Raynaud, l’évêque transféra le chanoine Chabaud à la paroisse Sainte-Marie, avec la fonction qui lui était attachée de « chef de correspondance diocésaine », c’est-à-dire de relais toulonnais de l’autorité épiscopale. Mais au tout début de l’été de l’année suivante, le choléra s’abattit sur la ville de Toulon. Au premier décès constaté le 20 juin 1835 succédèrent des centaines (775 la première semaine) puis des milliers en quelques jours : 404 morts pour la seule journée du 14 juillet ! Ce jour-là, Mgr Michel, parti de Fréjus avec son vicaire général qui succomba en chemin, présida une grande procession dans les rues de la ville. Le lendemain les décès commencèrent à décroître. Mais dans une cité en proie à la panique et à la désorganisation, le chanoine Chabaud sut tenir son poste avec courage et dévouement : au plus fort de l’épidémie, à la demande de la municipalité, il accepta de réduire puis d’interdire les sonneries du glas qui épouvantaient la population ; bientôt, les cérémonies durent même être supprimées, le clergé lui-même décimé ne suffisant plus aux besoins. Le mal s’éloigna progressivement. L’attitude de l’archiprêtre lui obtint le 12 août 1835 la croix de chevalier de la Légion d’honneur (le maire, Jean-Antoine Guieu sera fait officier le 26 septembre) : Louis-Philippe tenait à honorer avec lui tout le clergé de la ville pour son dévouement unanime à cette occasion. Mais, bien que le dernier décès directement dû au choléra soit daté du 25 octobre, le chanoine Chabaud succomba à la fin de cette année dramatique : il mourut à Toulon le 24 décembre 1835, il n’avait que 46 ans.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.
