Guillaume Bardin
Chapelain du pape, Guillaume Bardin (Bardine ou Bérardin) recevait en qualité de prévôt de Fréjus trois bulles du pape Innocent VI le 17 juin 1253. Il occupait cette stalle depuis peu : son prédécesseur, Othon Fornari, étant attesté au moins jusqu’en décembre 1246. Son origine reste incertaine : faut-il le rattacher à ce Guillaume Bardine, juge d’Apt, en 1248 ? On voit souvent notre prévôt servir de médiateur : le 11 juillet 1253, il réglait un différend survenu entre l'abbé de Saint-Hilaire et le prieuré de Prouille ; le 30 septembre 1257, il joue l’intermédiaire entre le comte de Provence Charles Ier d'Anjou et Boniface, l'évêque de Digne, au sujet de l'hommage que celui-ci prétendait recevoir des habitants de sa ville épiscopale, hommage que les arbitres au nombre de trois, choisis par les deux parties et réunis à Tarascon dans la maison du comte de Provence, reconnurent lui être dû ; vers la même époque, il s'interposa encore comme conciliateur entre Jean Baussan, archevêque d'Arles, et les arlésiens à propos de certains droits de dîmes. Il siégea encore plusieurs années, après quoi il entra chez les Frères Mineurs vers 1260 (et abandonna par conséquent la prévôté de Fréjus qui passa à Guillaume de Saint-Martin), sans qu’on ne cesse de faire appel à ses talents puisqu’en 1278 encore il intervenait dans un nouveau conflit arlésien à la demande de l’archevêque Bernard de Languissel. On ne connaît ni le lieu ni la date de son décès.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.
