Maurice Segond (15 -1593)
Maurice Segond était né au début du XVIème siècle dans une famille de Draguignan peut-être liée à celle de Fayence qui compte une des victimes des guerres de religion : Esprit Segond assassiné en 1562 au château de Tourrettes avec un dénommé Michel Gaybier, de Fréjus (famille maternelle de Mgr Pierre Camelin, qui donna aussi un chanoine en ce siècle). Maurice Segond devient curé de la cathédrale de Fréjus puis accède au canonicat en recevant le premier la charge de théologal, demandée par les conciles de Latran V et de Trente, rendue obligatoire par un décret de François Ier, mais qui ne se concrétisera qu’en 1577 à Fréjus ; après avoir longtemps rechigné, le chapitre lui affecta les prébendes des prieurés de Montferrat et de Meaux. Le chanoine Segond était avec l'archidiacre Hélion Mosson le seul titulaire d’un doctorat en théologie (ainsi est-il est qualifié de "docteur en sainte théologie" lors d'un baptême à Fréjus en février 1578, puis au baptême de sa filleule le 28 septembre 1592 à Châteaudouble), mais aussi en droit ("doctor decretum", précise l'acte de baptême de son filleul Maurice Ronini le 29 octobre 1581, à Fréjus). En 1583 les consuls de la ville lui remontrent qu’il ferait mieux de réserver son éloquence à Fréjus plutôt que d’aller prêcher à Roquebrune… Mais les difficultés s’accumulent avec les tensions politiques et religieuses qui ensanglantent la ville de Fréjus et conduisent le chapitre à se replier sur le village de Châteaudouble en 1588, alors que les évêques sont notoirement absents. Le 11 janvier 1593, le chanoine Segond préside dans l’église de Montferrat les funérailles du prévôt Jean Foulques qui avait résigné sa charge un mois avant de mourir ; contemporains, les deux chanoines étaient encore unis par la même origine puisque dracénois l’un et l’autre. Rompu à l’éloquence, notre chanoine s’acquitta fort bien de sa tâche puisque « la prédication et oraison funèbre fut honorablement faicte », précisent les archives. Le chanoine Segond eut le temps de rentrer à Fréjus en cette année qui marque le retour du chapitre puisque c’est là qu’il meurt un mois plus tard, le 10 février, en fin d’après-midi, entouré des gens de sa maison.


Encore une fois, les pronostics du monde, y compris de l’IA sont passés largement à côté : c’est donc un outsider ou presque qui a été annoncé au soir du 8 mai à la loggia de la basilique Saint-Pierre. Et pourtant, il suffisait de prendre la liste protocolaire des cardinaux, suivre depuis le haut de la première table la série des visages des cardinaux-évêques pour rencontrer assez vite celui du cardinal Prévost : le cardinal Parolin, puis le cardinal Filoni tous deux n’ayant jamais exercé aucune fonction épiscopale au service d’un diocèse, ce qui semble un préalable pour exercer la mission pastorale de l’Eglise universelle ; venait ensuite le cardinal Tagle, grand favori certes mais probablement jugé trop proche du défunt pape ; enfin le cardinal Prévost qui, malgré son identité nord-américaine, réunissait plus d’un atout, celui d’un pasteur, d’un missionnaire, d’un homme de curie, de cultures diverses par son ascendance et son ancrage : américaine, péruvienne, française, italienne, espagnole, etc., de l’expérience et de la modération.
