Qu’est-ce qu’un chanoine?
Le mot d’abord : il n’a rien à voir avec les moines (ou très peu) malgré l’assonance, il vient du mot grec « canon » qui signifie règle. Il désigne un groupe de prêtres travaillant dans un diocèse autour de l’évêque et vivant sur la base d’une règle commune.
Comme toujours le mot et la réalité ont pris consistance au fil des siècles. On voit au IVème saint Augustin, évêque d'Hippone, réunir autour de lui des clercs pour l’assister ; sur ce même modèle se constitue un groupe de chanoines autour de l’évêque de Metz, saint Chrodegang, au VIIIème siècle. Petit à petit, ils constituent ce qu’on appelle le « chapitre » : comme un conseil autour de l’évêque, dont les membres, choisis par lui, ne sont soumis ni à des vœux particuliers ni à une clôture ou à une vie commune stricte, mais participent autour de lui à l’administration du diocèse.
A Fréjus, le chapitre des chanoines apparaît nettement lors de la reconstruction du diocèse (après les siècles obscurs d’incursions lombardes et musulmanes), au XIème siècle. Ils sont moins d’une dizaine avec, à leur tête, un prévôt (appelé aujourd’hui doyen), conseillent l’évêque, gèrent le diocèse à sa mort et pourvoient directement à sa succession (sauf au XIVème siècle où les papes se sont réservés la nomination des évêques, et jusqu’au concordat de 1516). Le cloître des chanoines qui jouxte la cathédrale de Fréjus, comme dans toutes les cathédrales, n’est pas celui d’un monastère mais l’espace architectural autour duquel s’ordonnent les bâtiments dans lesquels ils travaillent la journée, chacun disposant d’une maison dans la ville pour son propre logement. Comme une partie de leurs fonctions consiste à entourer l’évêque pour la prière et la liturgie dans d’immenses cathédrales non chauffées, ils se distinguent par un habit qu’on appelle l’aumusse, pelisse de fourrure à capuchon dont l’utilité est évidente.
Aujourd’hui, ils n’ont gardé de tout cela qu’un peu de fourrure sur leur habit de chœur recréé au XIXème siècle, avec une croix pectorale… et c’est à peu près tout !* D’autres conseils et d’autres mécanismes se sont mis en place, qui ont ôté au chapitre ce qui faisait de lui comme un contrepoids à l’autorité « monarchique » de l’évêque. La dignité de chanoine titulaire (ils sont maintenant une douzaine) permet à l’évêque de distinguer des prêtres qui sont à ses côtés dans un certain nombre de services.
Le siège du chapitre a quitté Fréjus en 1958 et a été autorisé par Rome à s’établir à la cathédrale de Toulon où réside désormais l’évêque. Là, chaque chanoine y a sa stalle (il y est solennellement « installé ») où il chante l’office dans certaines occasions.
A côté des « chanoines titulaires », existent quelques « chanoines honoraires » qui ne sont pas astreints aux mêmes services et dont la dignité est encore plus honorifique (si cela est possible…), et même des « chanoines d’honneur » (prélats résidant à l’extérieur du diocèse, voire à l’étranger).
* Le français qui ne manque pas d’humour à donné aussi le nom de « chanoine » à un type de gros… tuyaux d’orgue, de façade et qui ne servent à rien que de décoration, parfois même complètement factices puisqu’en bois peint. Tout un programme !